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Le métier de maraîcher

#Domaine des Mattines

#Présentation

Jeremy Blondin Le samedi, 22 janvier 2022 à 20:21 Dernière modification le dimanche, 27 mars 2022 à 16:05
Le métier de maraîcher Le métier de maraîcher
Mais en fait.... Le métier de maraîcher c'est quoi ? Petit tour d'horizon du canton !

Aujourd’hui nous allons parler du métier de maraîcher. Mais qu’est-ce que c’est exactement un maraîcher, comment se passe nos journées, je vais vous faire une présentation non exhaustive de cette belle profession. Faisons le tout de quelques définitions de cette branche méconnue de l’agriculture :

Dictionnaire Le Robert : « Exploitant agricole qui cultive les légumes »

Dictionnaire Larousse : « Culture intensive des légumes en plein air ou sous abri »

Wikipedia : « La culture de végétaux à usage alimentaire, de manière professionnelle, c’est-à-dire dans le but d’en faire un profit ou simplement d’en vivre, ce qui le distingue du jardinage »


Le terme « maraîchage » apparaît au XVIIIe siècle pour désigner les jardiniers qui cultivaient des jardins potagers sur des marais autour de Paris. Les « cultures maraîchères », les légumes plus communément contribuent à améliorer l'alimentation des populations, à leur fournir des revenus complémentaires et une plus grande autonomie alimentaire. En parallèle, ces projets communautaires ont un fort impact de cohésion sociale au sein des communautés.

A Genève historiquement ces marais de culture se trouvaient dans le quartier de la jonction et plainpalais où l’on essayait de contenir l’Arve pour irriguer les cultures. Au XVIIe les réfugiés surnommés « plantaporrêts » (planteur de poireaux) font découvrir aux habitants des légumes inconnus comme le cardon que nous avons vu dernièrement. D’ailleurs la plaine de plainpalais vient de « plan palus » en latin qui veut dire plaine marécageuse. Aujourd’hui les régions maraîchères principales du canton sont la plaine de l’aire entre Lully et Perly ainsi que la zone de Veyrier-Troinex.


Il y a un peu plus de 1’000 maraîchers en Suisse qui cultivent 2% de la surface agricole à savoir environ 13’000ha. A Genève il reste une trentaine de maraîchers qui cultivent environ 160ha en plein champ, 70 ha sous abris dont une trentaine en culture hors-sol pour un total de plus de 30'000 tonnes de légumes par an. La diversité est important plus de 100 légumes sont produits, une vingtaine de variétés différentes rien que pour la tomate mais aussi des salades, des aubergines, des courges, le fameux cardon le seul légume Suisse AOP mais également des fraises et plus particulièrement la mara des bois ainsi que tout le reste de la gamme de légumes. Les trois légumes les plus consommés en Suisse sont les carottes 8.93kg/an/habitant, les tomates 6.12 k/a/h et les poivrons 5.32 k/a/h pour un total d’environ 86kg de légumes par an par habitant une tendance à la hausse qui est encore loin des plus de 300kg par habitant en Grèce par exemple.


Vous me direz pourquoi les fraises, ce ne sont pas des légumes ? Il y a certaines cultures qui sont à la frontière entre l’agriculture et le maraîchage comme la pomme de terre nouvelle ou l’oignon mais également des « fruits » qui appartiennent aux légumes. Et oui un légume est « une plante potagère dont certaines parties peuvent entrer dans l’alimentation humaine », botaniquement parlant un légume n’existe pas. Une tomate est un fruit et un légume, la tomate est le fruit de la plante, une salade nous consommons les feuilles et un céleri boule nous mangeons la racine de la plante les herbes aromatiques également sont produites par des maraîchers mais ne sont pas des légumes à proprement parler.



 

 

 

Le maraîchage fait partie des « cultures spéciales » agricoles comme les vignerons ou les producteurs de fruits. Nous avons un contact direct avec le marché et le prix payé de nos légumes sera en fonction de l’offre et la demande, en effet nous n’avons aucune idée quel prix sera payé pour nos légumes ni même si nous arriverons à les vendre. Nous avons un besoin en main d’œuvre très important par exemple au Domaine des Mattines nous travaillons en moyenne 2 heures par an par m2 soit environ 20’000h de travail annuel par an par ha soit entre 8 et 9 personnes par an par ha de serre. Les cultures en pleine terre ou plein champ sont de plus en plus mécanisées et nécessitent des surfaces de cultures importantes pour garantir les rotations de culture et une qualité élevée. Pour pouvoir allonger les périodes de production indigènes les maraîchers travaillent également sous abris que ce soit des tunnels, des serres plastiques ou encore des serres verres. Les techniques de cultures sont diverses et variées en fonction des légumes et des modes de production. Sans rentrer dans les détails nous avons des règles de travail selon les labels et les exigences professionnels parmi les plus strictes du monde que ce soit d’un point de vue écologique, social, environnemental, de production ou encore de bien-être animal ce qui se traduit par un prix de production plus élevé que les produits d’importation mais également une qualité et une sécurité supérieure pour le consommateur.


A Genève en 1949 les maraîchers du canton ont créés la coopérative l’Union Maraîchère de Genève (UMG) afin d’assainir et d’organiser l’économie maraîchère genevoise. Nous sommes producteurs de l’UMG ce qui permets aujourd’hui aux maraîchers d’allier nos forces de rationaliser nos cultures, de se spécialiser et tous nos produits sont regroupés et commercialiser sous un seul et même toit. Il n’y a que deux coopératives en Suisse une à Genève et l’autre au Tessin cela peut s’expliquer par le fédéralisme de notre pays. En effet chaque canton possède ses propres « règles du jeu », à Genève nous avons les salaires les plus élevés du pays environ 20% d’écart avec Zurich par exemple sachant que la main d’œuvre correspond à environ 50% de notre chiffre d’affaire il est compliqué d’être concurrentiel. Le transport à un coût important avec une taxe poids lourd élevée en Suisse, cela coûte environ 20 cts par salade pour la livrer en Suisse Allemande depuis Genève.


Nous avons donc un métier passionnant, très diversifié nécessitant une remise en question perpétuelle et nous n’avons pas le droit à l’erreur. Nous devons toujours faire plus avec moins en effet les exigences du marché et du consommateur est toujours plus élevé mais le prix payé au producteur ne cesse de diminuer dû à la pression des importations. Comment lutter contre des pays qui ont un salaire mensuel de 200 chf et des règles de production n’ayant aucune commune mesure avec la Suisse ? Le maraîcher est un producteur de légume mais pas que, il doit être visionnaire, avoir la main verte, mécanicien, comptable, RH, chauffeur, machiniste, informaticien, automaticien, politicien, formateur et maintenant la communication et le travail administratif a pris une place majeure dans notre profession.


Pour produire des légumes de qualité, durables dans des conditions agréables cela nécessite des compétences importantes et depuis plus de 6 générations nous n’avons jamais cessé d’innover et cela n’est pas prêt de s’arrêter avec les challenges qui nous attendent comme la transition énergétique, le réchauffement climatique, l’augmentation de la population au détriment des surfaces agricoles et la diminution des moyens de protection de nos cultures contrairement aux exigences qualitatives qui augmentent. Vous l’aurez compris nous n’avons pas le temps de nous ennuyer, les légumes ne prennent pas de vacances et nécessite un suivi « aux petits oignons », pour toutes ces raisons vous aurez compris pourquoi le slogan du Domaine des Mattines est « l’innovation du terroir »


Le prochain article je rentrerais plus en détail dans nos activités, les modes de cultures et une journée "type" à la semaine prochaine pour de nouvelles aventures !


Jeremy